Mardi 18 après midi


PLENIERE : PRODUIRE AUTREMENT

Remarque des auteurs, ce travail est le résultat d'une prise de note partagé, réalisé en direct
à prendre simplement comme une trace des échanges lors des plénières. Les diaporamas sont à consulter dans la rubrique ContributionsIntervenants

question "Produire autrement", à travers des regards de terrain (DEA Pix),de chercheur (M Duru, agronome des Prairies UMR AGIR Toulouse, + économiste + sciences de gestion)

Vers un système autonome et économe

Témoignage de Bertrand Cailly, DEA EPLEFPA Nancy Pixerécourt, Meurthe et Moselle (voir le ppt)
Recherche d'un systèmes d'exploitation autonome et économe.
Contexte : MO représente 30% des charges contre 20% pour la moyenne régionale
Conduite intensive du troupeau avec coûts de production et charges de structure élevées
Un contexte pédo-climatique [prépondérant] qui développe une production moyenne avec des potentiels de sol limités sur l'exploitation.
Sous valorisation de l'herbe
Un fonctionnement qui "pose problème" => réorganisation
"Ne pas naviguer entre 2 systèmes" aller jusqu'au bout de la logique
expression : les heures sup coutent cher et pas les intrants
Simplification de certaines pratiques (trempage des trayons, types de concentrés....)
Augmentation du pâturage qui devient prépondérant
> investir pour cela (chemins, clôtures, quad, chiens de troupeaux...) Organisation du paturage : sortie précoce, nuit en pature, pas de distribution fourragère 6 mois de l'année ( complément, affouragement en vert)
Fléole : effet allélopathique sur les adventices de la luzerne --> association intéréssente
Resultat : +13000 litre de lait, SFP qui augmente, 7500? de marge globale en plus grace à des "petits" ajustements --> aller plus loin dans la réorganisation.
Prairie temporaire associations graminées/légumineuses = Base du système
Solution : trèfle dans prairie / pâturage cellulaire / agrofresterie (permet économies de fertilisation) / des croisements pour que les animaux supportent les aléas (sélection individus par individus)
TCS et mélange variétaux
Affouragement une fois par semaine ( 3h pour 70 vaches pour la semaine)
Objectif : animaux flexibles qui supportent les aléas alimentaires liés au climat d'où Croisements rotatifs pour animaux "flexibles" aux aléas climatiques
Réutilisation de taureaux en dehors des périodes scolaires avec travaux pratiques (juin-octobre)
L'évolution du système interpelle en interne comme en externe : des repères historique sont bousculés.
Précaution de ne se couper de personnes (partenaires) + persévérer
Partenaires freins et moteurs dans l'évolution. On ne s'est coupé de personne.
« on peut ne pas partager les choix, le système, mais il est rentable économiquement dans son contexte pédoclimatique » pour cerner le lien avec la profession
  • Savoir persévérer avec ou sans les partenaires. Choix réalisé par l'équipe de la ferme et validée par le CA : peu d'alliance avec l'aspect pédagogique car plus orientée vers l'action que vers le projet pédagogique
"volonté au départ d'être plus dans l'action que dans la pédagogie"
Aujourd'hui : valorisation pédagogique améliorée. La comparaison : permet d'aller plus loin (pédagogiquement)
Un point fort pédagogique et professionnel : la crédibilité économique ( dans son contexte)
Difficultés pédagogiques : appréhender un système où tout est interdépendant ( bac pro)
Équipe d'exploitation se sent + en phase avec les attentes sociétales (en + en zone péri-urbaine)
Questions et perspectives : déconnexion du système de cultures du contexte local / favoriser les effets naturels

Questions/réponses :
Q : relations avec les professionnels ?
R : période initiale pendant laquelle peu d visite. Maintenant beaucoup (4 groupes d'éleveurs en visite le mois dernier)
> Reconnaissance du travail
Q : F. Grattepanche, travail sur une simulation de système ou mise en place "en marchant" ? -->
R : Plutôt dans l'action que dans le projet
Rqe de Michel Péqueux (inspection des EA) : les exploitations doivents travailler en ce sens, mais il y a de nombreuses étapes intermédiaire. Dans l'exemple force du volet social pris en compte dès le début du projet.
Q : conduite de l'herbe : stratégie/conduite de l'herbe
R : importance des associations qui donnent des fourrages + équilibrés E/N
Q : Alain Daneau, précision sur le volet social :
R : Le vacher très épanoui dans le système car résultats TE améliorés/ avant ; Bergère arrivée en 2008 plus traditionnelle au départ mais a évolué. Maintenant les salariés sont moteurs dans les évolutions.
Rencontres lors d'un voyage d'étude en Suisse
Q : Martine David AgroSup Dijon : y a-t-il eu un moment charnière avec une décision + difficile à prendre ?
R : non ce sont des evenements extérieurs qui ont fait bouger (ex dégats de corbeaux ou de sangliers sur maïs)
Q : ME Magne, changement sur la reproduction (croisement), grâce à des conseils de territoire ?
R : On a fait attention à ne pas se marginaliser ; on a fait appel à Mr Prim Holstein et c'est lui qui a fait le 1er plan d'accouplement et après on s'est débrouillé; pas de référence commune en jersiaise avec PH.
Q : Passage au Bio (vous n'êtes pas loin) :
R : on avait fait une étude de conversion il y a 4-5 ans avec comme résultat un EBE un peu supérieur mais moi et les salariés ne sommes pas vraiment pret. On utilise du glyphosate, une fois tous les 5 ans et c'est qd m^m bien pratique et puis risque d'étiquette si on passe en bio auprès des élèves et des collègues.

Agroécologie : "des principes à l'action"

Michel Duru INRA Toulouse
UMR AGIR comme "Agronomie, Innovation et Territoire" cf http://www6.toulouse.inra.fr/agir
cf ppt
vidéo de 10 minutes où M Duru explique le concept d'agroécologie : https://vimeo.com/89610025
Michel remet en exergue la problématique alimentation/santé
> très lié à notre alimentation, dont l'alimentation des animaux pour le rapport Oméga 3/Oméga 6
Limites du raisonnement par actions et par compartiment. Interet de s'appuyer sur le modèle ESR (Efficacité, Substitution, Reconception)
Problème de la technologisation qui est "envahissante"
> Business. Bien à utiliser, mais ne change pas les paysages...
Une système agroécologique nécessite 10 ans (ou +) pour trouver son équilibre.
Intérêt des connaissances partagées entre agriculteurs.
Nécessité de faire évoluer les formes du conseil agricole, idem pour la recherche.
exemple de comparaison entre des éleveurs conventionnels et éleveurs Civam en Bretagne
Filière bleu-blanc-coeur : lin à la place de l'herbe (omega 3) - mieux ils conduisent leur paturage, moins ils utilisent de lin, moins ils dépensent, mais ils bénéficient quand même du label
Autonomie du territoire : exemple du Ségala aveyronnais (petite Bretagne !) avec place des organismes intermédiaires dans la logique territoriale pour l'implication de la luzerne et de ses services écosystémiques
Agroforesterie : services payés (produits du marché) et services gratuits (pas de marché) dont services sociétaux (épuration de l'eau) = à mettre en avant dans une démarche complexe et complémentaire (les services payés financent les services gratuits)
Ecophyto 2 : exemple d'une conférence organisée par la DRAAF sur écophyto et innovation : rien dans le programme sur l'agronomie !
Projet ANR tatabox : transition agroécologique des territoires
Questions/Réponses :
  • RQe : Jean-Marie Morin : ne pas opposer AB/AE, l'AB en une forme. Besoin de l'accord de la profession pour changer de système ? Ne se pose pas sous cette forme là --> la notion de territoire n'est plus seulement physique, mais aussi virtuelle par les réseaux. A permis d'avoir aujourd'hui 60 % des EA de l'EAP avec activité bio.
  • R : le côté visuel mobilise vraiment des agriculteurs d'horizons différents
  • Q : Marc, Tarbes : mobilisation de sommes considérable pour aller vers des systèmes + efficients, mais non efficace au niveau de la qté de l'eau par exemple ; relations avec les Agences de l'eau ?
  • R : Agence de l'eau consciente de ses limites. A titre d'ex., veulent vérifier si 3 pratiques du sol (non travail du sol, agroforesterie et ?) permettent d'améliorer la question de l'eau (qté/qualité), avec impact sur l'ensemble du territoire. Danger du mélange dans les politiques publiques entre voie E et R de l'ESR.
  • Q : Comment l'action publique peut favoriser les systèmes de reconception ? 3 niveaux : EU, FR, Région. Sentiment de possibilité d'action au niveau Régional par éclairage de ces questions via les PEI. "Etre incisif, pédagogue et intransigeant"
  • Q Christian Peltier animateur réseau EDD, important aussi d'être clair avec les apprenants sur ces différentes postures ?
  • R : Oui, mais pas simple. Visites avec des critères d'appréciation, mais maintenant plutôt fournir des ingrédients pour construire un nouveau système virtuel via "essai/erreurs" grâce à des outils proposés par la recherche.
  • Q : Comment enseigner/former à ces systèmes portés par la complexité et la non stabilité ? (+ pbs à faire reconnaître comme agricole des espaces semi-naturels au niveau EU)
  • R : enjeux sociétaux multiples très stimulant car répond bien aux enjeux en laissant de l'espace à la créativité.

Economie : Nutrition et Environnement

Lliens production/ filière/territoire
Marie-Benoît MAGRINI (IR UMR AGIR Toulouse) (Economiste)
cf ppt
Q/R
- MFR Fougère : fort lien avec la filière Blanc Bleu Coeur
- JMM : "les approches AE des économistes ne semblent pas intégrer les approches ESR, approche qui reste très marketing capitalistique"
R : Pas de consensus comment définir l'agroécologie officielle par rapport à la reconception des modes d'organisation des circuits et filières (définition concerne la production amont). Enjeux forts mais en même temps ces changements sont tellement forts que si déjà les filières peuvent s'ajuster pour permettre l'écologisation des pratiques amont, ce serait pas mal ...
Laurent Bedoussac : il a fallut prendre en compte des aspects globaux en intégrant des outils des économistes (projets "durdur"...) ; besoin de vision transversale, pluri-disciplinaire
Q : Raphaël Sourisseau (79) "Heureux d'entedre parler de transversalité dans la recherche". Pourquoi pas de données sur les pesticides dans les aliments ? blocage à l'INRA sur la question ?
http://www.inserm.fr/actualites/rubriques/actualites-societe/pesticides-effets-sur-la-sante-une-expertise-collective-de-l-inserm
Q : Roger Brouet : terme de modernité : pourquoi ? quelle intention ?
MDuru : connotation positive = ne pas critiquer de front, pour être constructif (stratégie)
Q : Alain Pindard : services issus de l'agroécologie dans les produits (hors AB) : comment les valoriser ?
R : Complexe ... institutions porteuses ne nouveaux signes de qualité vont être confrontés à cela. DGCCRF dit qu'il y en a assez déjà ... Peut noyer le consommateur ... inititatives privées toujours possibles. Démarches PNA (Plan National alimentation) : soutenir les filières favorisant un bénéfice almentaire et environnemental. Seul bleu-blanc-coeur a répondu ...
M Duru : la DG Inra n'a pas défini l'agroécologie, elle définit des programmes et priorités d'axes de recherche. Article : engagement d'un éditeur et de l'auteur seulement.
JMM : référence Agroécologie et INRA : http://mots-agronomie.inra.fr/mots-agronomie.fr/index.php/Agro%C3%A9cologie
Q : bleu-blanc-coeur ne garantit rien sur l'utilisation des pesticides
R : dimension environnementale de bleu-blanc-coeur repose sur l'entrée GES, pas sur le reste (IFT ...)
M Duru : question pas simple. Le CEDAPA n'a pas réussi à valoriser son lait issu de l'agriculture herbagère = sont rentrés dans BBC. Idem pour biolait (NDLR JMM ce n'est pas vrai, Biolait est en contact avec BBC mais il est hors de question de passer tous les producteurs de Biolait avec BBC, Pour info Biolait collecte plus de 100 millions de litres de lait en 2012 (source Biocoop) soit plus de 20% de la collecte nationale (447 millions en 2012 source CNIEL).
  • Limite : dans BBC, pas possible de trier les modes de production.

Produire et diffuser les connaissances : nouveau modèle ?

Sciences de gestion N Girard
INRA Toulouse
cf ppt
L'agroécologie, qu'est-ce que ça change ?
Contexte : nouveaux acteurs s'intéressent aux espaces et à l'activité agricole : naturalistes, "agriculteurs" amateurs, collectivités
Exemple sur la gestion des races entre Roquefort (avec adoption des connaissances nouvelles par les éleveurs via le réseau de développement type Controle laitier et Pyrénées atlantiques (les éleveurs n'ont pas adopté les pratiques préconisées)
analyse : Ce qui fait connaissance n'est pas remis en cause, c'est le rapport à celle-ci qui change.
Transition : questionne le rapport entre connaissances et action
voir pour application sur la recherche participative (avec l'INRA) : http://www7.inra.fr/dpenv/pdf/ChableD30.pdf
- scientifique : incertitude, connaissances empiriques, complexité, ...
- mouvement social : agir au coeur de la production des connaissances = autonomie de décision
Sur l'étude sur la Manech Tête Noire, voir aussi la présentation faite aux JT sélection organisées par l'ITAB début novembre à Chateauroux " La coopération au c?ur des dispositifs de gestion de races locales Le cas de la Manex Tête Noire" Julie Labatut, INRA SAD, UMR AGIR Jeudi 6 novembre 2014: http://www.itab.asso.fr/downloads/jt-select-animale/8_labatut.pdf
Place à définir, à prendre pour les savoirs empiriques : génère des changements de compétences, de métiers pour l'agriculteur, le conseiller, le scientifique, l'enseignant ?
Paturajuste : http://paturajuste.fr/index.php fiches techniques et tout et tout

Questions / réponses
Q : Demande politique et sociétale forte et claire. Mais qu'en pensent les professionnels agriculteurs au sens large ?
R : la demande n'est pas si claire et parfois paradoxale. Mais il y a un effet boule de neige très net.
Q : JR Morenval, on est dans une démarche de co-construction de connaissances, mais dans les verrouillages, lien avec la nature ? Posture de dominance ?
R : on voit que ce lien change dans les systèmes AE avec capacité d'observation et dynamisme
Q : /Paturajust, il existe déjà depuis longtemps des réseaux sur ces questions (Eleveurs Bovins Demain...). Pourquoi l'impasse en Manech ?
R : Remise en cause de critères de sélection (rusticité, esthétique...). Pour les réseaux, l'approche sur la connaissance et sa validité change.
Q : lien entre valeurs et connaissaces ?
  • ????
Q : de - en - de personnes installées issues du milieu agricole, avec niveau d'études élevés, cela change-t-il les choses sur les approches ?
R : oui, car remet en cause les références "habituelles" pour échanger ; des personnes qui vont chercher plus facilement des références nouvelles.
Q : dans la transmission des savoirs aux apprenants, pas que les enseignants mais aussi tuteurs, maîtres de stages.... et représentations métiers différentes.
R : l'idée de l'espace test très intéressant (compagnonage)
Q Claire Abel Coindoz (CAC) Agrocampus Ouest : donne des éléments sur "enseigner à produire autrement" : Eclairage sur la dimmension de la crise, identification des modes de pensée "faible" et "forte", la première ne permettant pas d'arriver au niveau des enjeux, mais peut être le chemin pour.... , l'échelle de l'agriculture ne permet de prendre en compte tous les verrous mais systèmes alimeentaires et durabilité.