Mardi 17/03



Prise de note collaborative : https://lite5.framapad.org/p/EPA




Journée "Argumenter et favoriser la transition agro-écologique

8h10 Intervention de Jean-Marc Meynard (Directeur de recherche à l'INRA SAD) en visio-conférence
Verrouillage et dévérouillage des systèmes socio-techniques (ou comment changer)

Se reporter également au diaporama.

Première partie : le mécanisme du verrouillage

Illustration sur le verrouillage : exemple de la spécialisation des systèmes de culture dans le bassin de la Seine.

La céréalisation du centre est accompagnée d'un développement de l'élevage en périphérie = spécialisation des exploitations et des régions, qui marque un recul du système de polyculture-élevage
Recul de la polyculture-élevage illustré par la dilmnution des surfaces en luzerne (voire disparition dans de grandes zones). Seules persistent les zones à proximité des usines de déshydratation (impacts énergétiques, dont fossiles).

Origines de cette spécialisation :
accroissement de la productivité
soutien au prix des céréales
spécialisation des chercheurs / céréales au détriment des prairies
concentration de l'appareil industriel
spécialisation du conseil et des références techniques = internet ne remplace pas le conseil de proximité
prime au drainage des zones humides = retournement des prairies au bénéfice des céréales
. Concentration de l'appareil industriel ex de l'élevage laitier pour limiter les coût de logistique
. Simplification et spécialisation du système de conseil et disparition de références pour ce qui n'est pas spécifique au territoire
La simplification "productiviste" à l'oeuvre

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De plus : diminution des espèces cultivées et raccourcissement des rotations (mêmes phénomènes constatés en élevage) - Ex : colza-blé-orge et colza-blé-blé alors que toutes les autres cultures diminuent (30 % des blés sont semés derrière ... un blé)
Etude : freins et leviers à la diversification des cultures : http://www6.paris.inra.fr/depe/Projets/Diversification-des-cultures
Amont :
sélection : incertitude sur les débouchés des cultures mineures, d'où faible efficacit é de la sélection
exploitations : peu de références en culture mineure (diminution du désherbage, croissance, effet du précédent ...)
coopérative et négoce : logistique complexe et coûteuse de la diversification des espèces cultivées
Aval :
industriels et transformateurs : exemple du soja qui est plus simple d'acheter plutôt que de se tourner vers plusieurs coop pour acheter du pois.
distri bution et consommation : les normes sont en faveur des cultures en place.
= grosses difficultés pour quelqu'un qui veut lancer une filière de diversification + insuffisance et coordination entre les acteurs qui constituent un frein supplémentaire

Les pesticides devenus clé de voute de ces systèmes spécialisés !
Plus il ya de colza dans une PRA plus il y a de traitements : herbicides (effet rotation), insecticides (concentration des insectes s'accroit et necessite traitement l'année suivante)
les filières poussent à la spécialisation régionale
le conseil technique est majoritairement attaché à la vente d'intrants : un problème= une solution, sans prendre en compte les actions préventives.
Pas de gestion de la durabilité et en particulier des gènes de résistance qui sont généralisés, générant des contournements de résitance et le serpent finit par se mordre la queue !

Des alternatives existent : retour à la première diapo sur les éléments constitutifs de l'agroécologie (régulation naturelle, biodiversité, ...), mlais avec des systèmes spécialisés et des paysages uniformisés, c'est pas évident !

Cas typique de "verrouillage socio-technique" : des filières où tous les acteurs sont fortement liés, et dont toutes les stratégies sont cohérentes ... Dans ces conditions, difficile de changer son système si les autres ne le font pas !
L'ensemble des acteurs du système a contribué au verrouillage, la stratégie des uns renforçant la stratégie des autres = changement de chaque acteur est bloqué tant que les autres ne changent pas !
Ce verrouillage n'existe pas qu'en agriculture, c'est un processus général.
Economistes parlent de "rendement croissant d'adoption" : plus une technologie est acceptée, moins elle coûte cher (plus elle devient attractive et performante) et donc plus elle se généralise (des réseaux existent autour de cette technologie, l'utilisation de cette technologie est connue et rassurante pour les acteurs)

"Une technologie est choisie non pas parce qu'elle est la meilleure, mais elle devient la meilleure parce qu'elle est la plus choisie" (Arthur)
Conséquence : les innovations qui remettent en cause le système auront plus de mal que celles qui s'y inscrivent !

Deuxième partie : Les voies du déverrouillage

- des politiques publiques visant à déverrouiller
- repenser notre innovation

Politiques :
  • Schéma avec :
  • un paysage sociotechnique (contexte)
  • un régime socio-technique = système
  • des niches d'innovation

Comment faire en sorte que les niches viennent à modifier le régime socio-technique ? Les niches se diffusent et se standardisent en intégrant le système conventionnel qui alors se déverrouille. Il faut aussi que le contexte ait évolué et soit prêt ou demandeur d'évolution (modification su paysage sociotechnique)
Ex en agriculture : cf article diversification des cultures

Recommandations aux pouvoirs publics :
  • tout chemin repose sur la mobilisation simultannée et organisée
  • 2 catégories d'acteurs : par le bas et par le haut

Par le bas : Leviers : sur l'exemple de diversification
  • R&D : innovation sur espèces mineures
  • débouchés : supplément de valeur ajoutée. Ex : lin oléagineux dans le cadre de "bleu-blanc-coeur"
  • coordination des acteurs : contrats pluriannuels + de lisibilité et + de cohésion (existence des pôles de compétitivité autour des filières majoritaires, il faut maintenant les développer pour les cultures mineures)

Par le haut :
  • PAC : verdissement des financements
  • coordonner politiques agricoles et environnementales : ex sur les zones de captage pour générer des filières et dynamiques locales qui pourraient ensuite irriguer le reste du territoire
  • faire évoluer les connaissances et les valeurs des acteurs de l'agriculture

Repenser notre investissement sur l'innovation
- tension entre un processus d'innovation situé, adapté aux conditions locales, et un processus orienté vers des objets plus génériques (nécessaire) mais avec des dangers que cela prenne le pas sur le reste (ex : l'agriculture de précision qui inhibe l'adaptation locale)
- savoirs hétérogènes doivent être mobilisés (dont travail des établissements d'enseignement agricole)

Exemple d'un agriculteur entre 2002 et 2008 avec l'objectif de diminuer l'IFT = changement de pratiques en mobilisant une "bibliothèque" d'innovation fournie par la R&D mais aussi par les agriculteurs du territoire
Pas de perte de revenu
Démarches au niveau d'un territoire : exemple d'un jeu de rôles entre agriculteurs et apiculteurs (ITSAP) en essayant de concevoir un territoire favorable aux deux types d'acteurs.
objectif : créer un territoire de conciliation entre activités des agriculteurs et des apiculteurs
simulation de 2 années en 2-3 heures de jeu
les joueurs "agriculteurs" et "apiculteurs" font des choix et trouvent des compromis
chacun apprend des autres et tous apprennent ensemble
Ex d'un processus territorial : dynamique de populations entre les melligèthes et les parasitoides avec cartographie qui montre la potentialité de régulation
difficulté : il ne faut pas avoir traiter l'année précédente si on veut des parasitoides ... = penser à une échelle pluriannuelle

Inscrire la conception d'innovations dans le régime dominant ?
Ex : plupart des nouvelles variétés, méthanisation, amélioration de la conduite de la rotation colza-blé
ou inscrire la conception dans une niche d'innovation ?
oui mais comment les choisir ? comment choisir les partenaires ?
Exemple : choix d'espèces mineures, ...

Analyse systémique à la parcelle
Exemple de la production de bananes en Guadeloupe, avec développement important des nématodes
Labour systématique défavorable aux vers de terre, donc favorable à la mutiplication des nématodes.
Objectifs : réduction des nématicides, culture bananière pérenne ...

=> On ne peut plus raisonner selon le mode "1 problème, 1 solution", la réflexion doit être systémique

L'action locale et régionale est essentielle :
  • concertations territoriales
  • soutenir l'innovation dans les niches, et pas seulement dans le modèle dominant
  • consolider ou créer des filières locales et régionales, basées sur des réseaux d'acteurs qui se connaissent


Questions/réponses

Hugues de Framond (DRAAF Auvergne) : Interrogation sur les possibilités économiques par le haut en situation de crise économique, et passages en force (OGM...). Le public a-t-il encore réellement son mot à dire sur les choix qui sont faits ?
JMM : on est sur des processus de long terme pour les transitions. Qu'il y ait des résistances, c'est normal ; les pouvoir publics n'ont pas tous les moyens, c'est une réalité, mais certains outils ne coûtent pas cher (ex : changer des normes environnementales, inviter les acteurs à se coordonner...). Ce qui coûte le plus cher, c'est le soutien à l'innovation. EPA n'aura qu'un effet sur le long terme. Si action soutenue, sans variation.

Christian Peltier animateur du réseau EDD : vous n'abordez pas la question du travail et du temps de travail nécessaire à ces transitions. D. Les exploitations d'EPL doivent être des modèles, le travail y est essentiellement salarié ... Comment concilier cette contrainte avec le travail nécessaire à réaliser pour mettre en oeuvre EPA ?
JMM : effectivement le travail est au coeur (augmentation de la productivité) ; se questionner sur d'autres moyens de valoriser le travail en dehors de l'augmentation des surfaces/rendement (ex AB avec augmentation des prix des produits)
Par ailleurs, l'intérêt au travail plus que le temps de travail prend de l'importance (ex de travail fait en Picardie avec Agro-transfert). Réouvrir le champ des possibles par redonner de l'intérêt via la prise de décision en autonomie. Dans les EPL, jouer ce rôle de démonstration sur ce plan. "Le travail est au centre de ce qu'il faut ré-inventer" (oui, dans un premier temps, dans le temps d'apprentissage d'EPA, cela va coûter un surplus de temps de travail, mais c'est un investissement sur le long terme).

Jean Simonneaux (ENFA Toulouse) : place du risque, de l'incertitude ?
Apprendre à utiliser des savoirs, dont certains non stabilisés : c'est déjà ce qu'on fait au quotidien. "Ne pas refuser par principe un savoir parce qu'il est moins sûr"



9h30 Intervention de Xavier Coquil (Agronome -INRA de Mirecourt) et Etienne Gaujour (Ecologue - AgroSup Dijon)

Voir le diaporama de l'exposé.

Support de discussion de l'exposé, c'est l'autonomie. C'est après qu'arrive l'agroécologie.
Basé sur l'expérimentation système de Mirecourt avec passage en AB avec des acteurs qui n'y étaient pas forcément prêt.

1. Reconception à partir des ressources du milieu naturel : sortir de la "maîtrise à tout prix"

Ex de conception de 2 systèmes à partir du milieu
Lors de la conception du système, bien étudier le milieu comme un ensemble de ressources mobilisables pour la production, en faire des atouts en essayant de faire avec les contraintes
Ex : texture de sol, hydromorphie, paysage, biodiv, ...
2 systèmes laitiers bio testés : un herbager 0 concentrés en AB ; un poly-culture élevage (lait d'hiver avec concentrés)
Question des besoins de paille : pris dans le système de polyculture-élevage pour le système herbager avec en retour export de fumier du système herbager vers le P-E
Effectifs de vaches laitières ne sont pas stables : dépendent de ce que le milieu peut produire (variable d'ajustement)
Deux systèmes complémentaires et qui visent l'autonomie paille-concentrés et fourrages = faire avec ce que le milieu peut nous permettre de produire

2. Agroécologie et DD : un changement volontaire qui ne se réalise pas (Xavier COQUIL INRA Mirecourt )

Entrée technique assez calée mais avec quels impacts sur les hommes et femmes qui doivent faire cette transition ?
Un changement volontaire qui ne se réalise pas ?
Au-delà d'un changement de pratiques : exemple sur Mirecourt - Une transformation pour les "expérimentateurs" : des pratiques, de ce sur quoi on travaille (inversion des intérêts agronomiques de certaines parcelles), des références, des valeurs (une "belle parcelle" ?)
Transition vers l'autonomie : un profond changement du travail de l'agriculteur - Thèse à entrée agronomie-ergonomie
9 fermes du RAD dans l'ouest de la France auprès d'agriculteurs qui ont conduit un changement dans leur carrière
Ex d'un agriculteur :
  • temps 1 : continuité des parents mais pb de santé sur les animaux avec "les vaches enfermées, on savait que ce n'était pas idéal" - recherche de la méthode Pochon et prise de distance / recettes
  • temps 2 : pâturage et économie d'intrants : "posipré" et les mélanges de variétés voire d'espèces - prise de distance / coop - réassurance / CIVA
  • temps 3 : réseaux pour autonomie et économie : semences fermières
4 facteurs influencent ces changements :
  • accès à l'impensable : ex de l'agri qui a été provoqué par Pochon qui lui a ouvert un champ de pensée ou de réflexion
  • difficultés pratiques
  • incohérence entre le "faire" et le "pensé"
  • obligation extérieure
Aller-retour entre les problèmes et la confrontation de ses souhaits/possible
Instruments-clés qui amènent à changer la façon de faire et/ou de penser : fonction de crise et de moteur (ex : manque de moyens financiers liés à la dépense en intrants)
Quels enseignements pour l'accompagnement ?
- pas de parcours-type
- mais quelques outils mobilisables, mais quand ? comment ? trouver les bons moments et les bonnes modalités
- pour aller plus loin : transformations communes du métier (avec retour à la créativité chez l'agriculteur), changement relève de la mise en place d'une nouvelle cohérence pragmatique.
On passe d'un mode de pensée "planification" à un mode "ajustement permanent"

3. Transition agroécologique "sous la contrainte" : cas de l'exemple pas à pas de Mirecourt

Des changements de pratiques qui questionnent l'organisation
Nécessité de mettre en place des dynamiques collectives (travail avec des agriculteurs bio de la région Lorraine, visites d'exploitations)

=> conséquence sur l'organisation de la structure (face à une problématique où personne n'a réellement d'expérience, on ne peut plus cantonner les ingénieurs à l'expérimentation, les chercheurs à la recherche, spécialiser les personnes dans un domaine particulier ...).

=> création de "groupes opérationnels" mixtes, réalisation de tours de plaines concertés

Les conséquences du changement :
Isolation de l'équipe de Mirecourt par rapport à la profession en conventionnel, rapprochement de la profession en AB
L'objectif n'est pas de produire des conceptions de systèmes "clés en main", mais d'être force de démonstration et d'encourager la réflexion : ex. de la lutte contre les maladies en élevage : "face à un cas, on ne se dit pas pas qu'on combat une maladie, on se dit qu'on prend en charge un animal".
=> "Il nous semble qu'il y a une forme d'opposition entre ce qu'on fait (construction pas à pas) et la réponse à la demande qui serait de produire des références"


4. Conclusion

L'agro-écologie, c'est aussi l'écologie ...
Services et disservices sur l'agriculture
Recenser la faune présente, réfléchir à comment on l'utilise pour l'agriculture
Forcer les personnes à se rencontrer, discuter des contraintes culturales / contraintes ornithologiques
=> comment accéder à l'impensable, comment ouvrir le champ des possibles ?
=> Quel rôle des lycées agricoles ???


Questions

Viveret (Vesoul) : les exploitations où vous faîtes de la recherche sont dans l'ouest et vous êtes dans l'est (zone de Vittel -Contrexeville) --> Travaillez-vous avec ces agriculteurs ? Sur les insectes, y-a-t-il eu un point zéro ?
XC : la localisation des exploitations est due au partenariat avec le RAD, avec lequel un partenariat est de toute façon intéressant car problématiques communes. Ce qui a été fait à Vittel est très bien, mais l'expérimentation s'est faite avec une grosse part de fonds privés et on est pas sur des démarches complètement libres de la part des acteurs.
EG : les insectes qui sont étudiés à Mirecourt sont des carabes (prédation des oeufs de limaces et escargots) : plan d'échantillonnage (75 points en parcelle) suivi depuis 2004 deux fois par an afin d'avoir une détermination en instantané mais aussi sur l'historique. Pour la pollinisation, impact peut-être moins important (oui en féverole, moins en céréales autogames).




11h00 Intervention de Benoît Biteau (Paysan en Poitou-Charentes)
Pour voir le projet de B Biteau sur sa ferme : http://www.identi-terre-17.com/
et son blog : http://www.val-de-seudre-identi-terre.com/

Présentation personnelle : pur produit de la formation agricole (D', BTS Semence Valence, GEMO Albi), directeur d'un bureau d'étude drainage irrigation, coopération ?, fonctionnaire de la fonction publique territoriale (conservateur du patrimoine technique et scientifique, espace et espèces), DOCOB marais Poitevin, animateur inter-sage MP, rédacteur du projet de territoire ..., ingénieur ENITA de Bordeaux (génétique races locales et anciennes), ex-enseignant et quelques mois DEA.

Illustration des voies ouvertes ce matin par ses propres expériences (agriculteurs et VP de CR chargé de l'agriculture et ruralité chargé rédaction du PDR).

Paysan depuis 2007 pour valoriser ses expériences. Reprise d'une EA familiale très poussé dans l'intensitivité et le productivisme. Challenge pour penser à produire autrement. Mes principes : l'agriculture n'est pas une activité qu'on pose au milieu de nulle part (environnements sociaux, économiques et écologiques). Ferme localisée bassin versant de la Seudre (+ petit fleuve d'Europe, activité ostréicole bassin Marenne Oléron avec problèmes sur les coquillages - certitudes de l'impact des pesticides et al. sur cela).
L'argent public : quand on le mobilise, à ce niveau pour l'agriculture (en Poitou-charentes, l'argent distribué par la PAC (660 millions) est supérieur au budget régional ...), on a des comptes à rendre à la société (contrat moral). Perçoit 70 000 ?/an sur sa ferme.

Le projet : ferme de 180 ha dont 20 ha de Cognac, 20 ha de jachère, 30 ha de cultures sèches, 110 ha de monoculture de maïs irrigué depuis 1971 (300 000 m3 d'eau par an) ; à Sablonceaux, les sols sont sableux avec petite réserve utile. Contexte local : le sol est considéré comme un support auquel on additionne un substrat, très peu d'intérêt pour la microbiologie des sols.

Installation de 4 agriculteurs 3 structures : 2 maraîchers + un viticulteur + BB sur 155 ha. (père seul avec 1 salarié
> on passe à 9 avec 5 salariés (x 5)).

Sur les 155 ha création de 3 emplois. Arrêt du maïs hybride, variétés population, pas d'achat de semence pour semis maïs.
Aujourd'hui, ferme autonome sauf pour méca ("la ferraille sur 4 pneus" ...) et carburant.

Réduction puis arrêt de l'irrigation en 2011 (victime, par suite, de la mesure "désirrigation" qui était incompatible avec les aides à la bio, pourtant juste accessibles pour la ferme à ce moment-là ... Un comble.)
Conversion bio 215 ha (des propriétaires fonciers proposent des terres qu'ils ne veulent plus voir en "intensif").

Bon sens paysan en réduisant la pénibilité du travail (agriculture moderne). Toujours en recherche d'un éventuel associé.

Remise en place de prairies sur les zones de marais. Donc retour de l'élevage avec des herbivores (animaux qui mangent de l'herbe et qui se déplacent, et en plein-air intégral
> réflexion sur les races adaptées => Maraichine à l'origine du beurre AOC Poitou-Charentes, associée à des chevaux de trait Poitevin ; animaux déplacés à pied (transhumance 12 km avec des gens qui accompagnent 150 à 200 personnes pour 20 bovins => anecdotique mais renoue du lien entre agriculture et société ; animaux qui vêlent seuls (1ère fois qu'il perd une bête au vêlage cette année) frais véto 300 à 400 ?/an)). Chèvres poitevines en pâturage simultané avec des baudets du Poitou.
Prairies autonomes en association (inspiration Pochon) dont intérêt de maîtrise du parasitisme avec le lotier et le pâturage combiné qui limite aussi les refus.

Toutes les productions animales valorisées en circuits courts (viande de boeuf, de chevreaux, fromage).
Variétés population pour toutes les productions végétales.
Remettre dans les AOC le volet génétique avec les races locales.

Poids économique d'un tour d'eau 5 q/ha. Pour faire 140 q/ha, il faut 10 tours d'eau soit 50 q ; avec les maïs population 80 à 90 q/ha sans irrigation.
> 2000 km de cours d'eau à sec en Poitou-Charentes tous les étés avec le modèle irrigation. Problème des bassins de retenue de substitution (objectif : alimenter des bassins en hiver pour qu'ils servent à l'irrigation d'été) avec argent public. Donc ce ne serait pas rentable !
Exemple en Deux-Sèvres où 2 retenues de substitution sur un petit bassin versant se sont traduites par un passage du début d'étiage de mai-juin à mars-avril . Bel effet de l'utilisation de l'argent public (70% de financement).

Entrée agronomique par l'arbre : plantation de 7 à 10 ha/an en agroforesterie (50 arbres/ha). Intérêt pour la circulation de l'eau ...

Avec les variétés population, capacité à créer des réseaux de mycorhizes permettant l'augmentation du volume de sol exploré. Carabes x7 en agroforesterie/non.
Réserve/ce matin : on n'a pas une boîte à outils dans laquelle on pioche ; voir tout cela globalement dans une logique de système associant l'ensemble des éléments (choix des races et variétés, des productions, de valorisation, de lien au territoire, d'approches agroécologiques).

Ont payé "le prix fort" à leur père pour reprendre l'exploitation.
Mais : "Si je n'avais pas fait le basculement complet (rupture), je ne suis pas sûr que je serai encore agriculteur"

Mélanges dans les parcelles : partout. 2015 : 50 q de blés panifiables à 16-17 % de protéine + 30 q de féverolle en rendement prévisionnel. Choix de la coopérative (CORAB, coopérative spécialisée en bio http://corab.org/), choix d'investir pour trier les semences.
Toutes les productions végétales sont destinées à l'alimentation humaine sur 110 ha !

Regard des "beaux projets agronomiques" en 17 ;
- pour les jeunes, portés par des gens qui ne sont pas issus du milieu agricole qui vit en consanguinité et sans se remettre en cause (culture du record).
- pour les + âgés, intégration des expériences avec culture du risque supérieure.

"Cercle vertueux versus cercle vertueux"
L'enseignement agricole doit prendre en compte ces évolutions et aider les jeunes non issus du milieu agricole.

Expérience d'élu :
  • Exemple : 2004, 1er acte administratif de Ségolène Royal --> Région PC = région sans OGM. Passage obligé (engagement) pour obtenir les aides de la Région. Met en question l'autonomie protéique de l'EA, puis des questions qui vont suivre --> remise à l'herbe
    > question de la génétique
    > du terroir..... Levier pour PC : 11,5 Millons d'? pour l'agriculture sur 660 millons d'? d'aides PAC.
  • Ex 2 : plus d'aides aux Chambres d'Agricultures. Le projet ne remet en cause le système. 1,5 M d'? transféré sur le réseau INPACT (Initiatives Pour une Agriculture Citoyenne et Territoriale)

Questions/réponses :
Etienne HY : résidus de culture, traite, et travail du sol
BB --> résidus de culture : export d'un peu de paille pour les animaux (aire paillée sur zone d'hivernage)
--> Travail du sol : pas de labour, travail superficiel avec binage de toutes les cultures
--> Traite chèvres : monotraite matin car double traite est en concurrence avec le travail sur les cultures (80 % d'une lactation double traite ; moyenne de 550 kg/lactation ; TB rendement fromager)

Xavier Coquil (INRA) : remarque sur l'expérience et le moment de faire les choix cohérents (construit dans les expériences précédentes) ; ne peut-on pas faire le pari d'entrer par de petits changements qui ne vont pas amener une cohérence ? Le changement systémique n'est pas de but en blanc.
BB : Il a fallu effectivement 20 ans pour construire le projet actuel. Certes, tout le monde n'a pas forcément la formation pour construire un porjet aussi complexe, mais c'est peut-êter là qu'interviennent les chambres d'agricultures.
D'un autre côté, quand on ne pense pas "systémique", le danger est de ne pas aller assez loin dès le départ pour enclencher un processus (masse critique).
Exemple des blocages vécus dans les exploitations des EPLEFPA pour aller assez loin pour provoquer véritablement le changement. --> Contrats d'objectifs et de moyens ; le Conseil Régional impose un seuil minimum.
Exemple avec Solidarité Paysan
> 500 E/mois pour aider dans l'immédiat les exploitations en grande difficulté mais en même temps accompagner au changement

? quel regard a porté votre père ? quel est-il aujourd'hui ?
BB : 1) Content ; 2) Inquiet du projet (a joué les prolongations) ; 3) Départ avec dédain : "pas de traitement = pas de récolte" ; 4) Regard nouveau avec la 1ère orge de printemps : réussite !
Retour aux techniques ancestrales, mais la pénibilité du travail en moins
Février 2009 : trophée National de l'agriculture durable par Michel Barnier. J'ai fait venir mon père !
Maintenant il le défend ! Plusieurs raisons : réussite de son système, mais aussi refus de se complaire dans le passé et la recherche de coupables, vision d'un système d'avenir.

Laure Lamy (AgroSup Dijon) : quels salariés vous ont accompagné ? Militants ?
--> Oui...

. ??
BB : quand on a identifié les freins, on peut arrêter de les financer. Exemple des externalités sur la question de la ressource en eau (faire ce qu'a fait Munich : plutôt que de financer le retraitement au coup par coup d'une eau trop chargée, imposé AB sur tout le bassin d'alimentation de captage). Audace et courage politique !



Conclusion de la matinée par Patrick Mayen :
Intérêt de la matinée : montrer les difficultés mais aussi les possibles, dont les possibles du changement (convaincre, engager, intéresser, penser l'impassable).
Beaucoup de choses pour EPA : penser l'agriculture autrement, la complexité, la diversité.
3 interlocuteurs ont parlé des dynamiques, des transitions des changements , tout cela lié à des parcours. Donc la question de la transition est première. Comment on passe d'une pratique à une autre ?
Sur la conviction : le processus vivant personnel politique et technique mérite fondalement d'être expliqué
> faire témoigner devant les élèves de ces dynamiques.... et analyser ces processus d'engagement, de changement
L'engagement fonctionne par des processus identificatoires qui permettent eventuellement de faire des choses qu'on n'aurait pas cru faire. En conséquence pratique, dans les LA multiplier les rencontres et les formes identificatoires qui vont dans le sens du changement.
  • "Les humains aiment les histoires, c'est structurant émotionnellement et cognitivement"
  • Arguments pour aider à convaincre entendus : "les agriculteurs se racontent des histoires sur l'image qu'il voudraient donner à voir" ; en fait c'est en conflit avec les réalités.
  • Plaisir, satisfaction et intérêt que rentrer en cohérence.
  • Dénommer les choses : tous les mots comptent ; il faut être très attentifs au vocabulaire utilliser qui véhiculent des valeurs/modèles.
  • Discours de la complexité : à partir du moment où on veut penser l'agriculture, on pense la complexité. Les verrous socio-techniques....
  • Les changements et les transitions se font par une intention à long terme, avec des étapes intermédiaires.
  • Les questions politiques pourraient certainement être abordées via les cours d'économies.
  • Dans toutes les interventions, structure des interventions partant des problèmes ou d'un contexte problématisé (de l'agriculture actuelle) :
    1. reconnaître les difficultés
    2. trouver la base pour les résoudre en allant jusqu'à la reconception.
A chaque fois on retombe sur des techniques, des savoirs scientifiques.

"Proposer aux élèves le mouvement de l'étonnement" même si c'est quelques années plus tard qu'ils s'en souviendront

Privilégier le collectif et travailler sur les changements de points de vue.
"Les références ne sont pas seulement celles qui viennent du haut et de la Recherche"

Tous les acteurs ont montré l'importance des essais, echecs, analyse,, réessai...avancer en marchant mais avec une démarche scientifique.

Question délicate sur le changement et son rythme : pas à pas ou radicalité ? C'est un point important. différents types, différentes importances ; permettre aux élèves et apprenants de comprendre cela.